Cocaïne, prostituées et gros billets. C’est à une caricature de vie de
golden boy dévoyée, version montpelliéraine, que la brigade financière
du SRPJ a mis un terme cette semaine, en plaçant en garde à vue le
comptable d’une entreprise de matériel électronique.
Cet
homme de 30 ans s’était fait remarquer au mois de mai dernier par la
cellule Tracfin, chargée de lutter contre le blanchiment d’argent. Et
les mouvements de fonds observés sur son compte en banque ont été
signalés au parquet de Montpellier, qui a ouvert une enquête. Car en
moins de deux ans, ce salarié payé 2 000 € par mois a déposé 54 chèques
de 3 000 € à sa banque, qui a fini par trouver ça louche. D’autant que
tous les chèques appartenaient à la société où il travaillait. Et
qu’aucun d’eux n’était déclaré
au fisc. Interrogé en
début de semaine à l’hôtel de police de Montpellier, le directeur de la
société concernée est tombé des nues. En revanche, son comptable, placé
en garde à vue le lendemain, a tout avoué. C’est bien lui qui a volé
les chèques concernés, et qui les a libellés et déposé sur son compte,
en maquillant ensuite les bilans comptables de l’entreprise.
Pour
justifier cette pratique, l’homme a expliqué qu’il avait un train de
vie aussi particulier que coûteux. Un appartement avec des travaux
importants à effectuer, un crédit immobilier à rembourser. Mais
surtout, un appétit sexuel aussi éclectique que difficile à rassasier.
Il y avait ces voyages réguliers à Barcelone, pour y rejoindre son
amant, mais aussi des allers-retours fréquents dans les maisons closes
de Catalogne. Et lorsqu’il ne pouvait se déplacer, le comptable faisait
son marché sur internet. Et faisait venir en avion, depuis Paris, des
prostitués, hommes ou femmes, jusqu’à Montpellier. Coût de ces « week- end garnis
» : entre 800 et 1 000 €. Auxquels il faut ajouter les longues lignes
de cocaïne qui pimentaient ces fins de semaines épuisantes. « C’est
un bringueur né, à l’image des délinquants en cols blancs hyperfriqués,
estime une source proche de l’enquête. Mais il va maintenant entrer
dans une période de vaches maigres. »
Le comptable sera
jugé le 7 avril, pour vol et faux en écritures comptables. Il devra en
outre s’expliquer avec le fisc, et se trouver un nouvel employeur. Dur
retour à la réalité.